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Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 7, 1797.djvu/277

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jamais soupçonné de faiblesse celle que j’avais formée… celle qui s’était toujours aussi bien conduite : en vain chercheriez-vous à réparer votre tiédeur ; le ministre ne serait plus votre dupe, votre premier mouvement vous a trahi. Quittez Paris, dans le jour même ; emportez avec vous l’argent que vous pourrez avoir ; mais ne comptez plus sur autre chose. Tous les biens que vous vous êtes acquis par les largesses de Saint-Fond sont perdus pour vous ; vous connaissez d’ailleurs son crédit, sa colère quand on lui manque : partez donc vite, et silence sur-tout ; il y va de vos jours. Je vous laisse les dix mille livres de rente que je vous fais, ils seront payés par-tout sur vos quittances : fuyez, et que vos amis ignorent tout. »

Un coup de foudre m’eût frappé moins cruellement ; mais je redoutais trop Saint-Fond pour-ne pas prendre aussitôt mon parti. Je me lève à la hâte ; ayant déposé toutes mes richesses et toutes mes économies chez le notaire de Saint-Fond, je n’ose les aller dégager. Cinq cent louis… voilà tout ce qui me reste : j’en fais aussitôt des rouleaux que je cache avec soin sur moi, et