Aller au contenu

Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 7, 1797.djvu/280

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

faire passer à des collatéraux inconnus ; et si je voulais être franche avec lui, ne lui cacher aucune circonstance de ma vie, dès le lendemain je devenais sa femme, et il me reconnaissait vingt mille livres de rente. De telles propositions étaient trop belles pour que je ne me rendisse pas aussitôt : il fallait au comte une confession générale : j’osai tout dire.

Écoutez-moi, Juliette, reprit M. de Lorsange après m’avoir entendue ; les aveux que vous venez de me faire prouvent une franchise que j’aime ; celle qui avoue ses fautes avec une telle candeur, est bien plus près de n’en jamais commettre, que celle qui n’a jamais connu que la vertu : la première sait à quoi s’en tenir… la seconde voudra peut-être essayer ce qu’elle ne connaît pas. J’exige de vous, madame, de vouloir bien m’écouter quelques instans, votre conversion m’est précieuse, et je veux vous faire revenir de vos erreurs : ce n’est point un sermon que je prétends vous faire, ce sont des vérités que je veux vous dire, des vérités que vous déguisa long-tems le bandeau des passions, et que vous trouverez toujours dans votre cœur quand vous voudrez l’écouter seul.