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Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 7, 1797.djvu/281

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« Oh ! Juliette, celui qui put vous dire que les bonnes mœurs étaient inutiles dans le monde, vous a tendu le piège le plus cruel dans lequel il fût possible de vous prendre, et celui qui put ajouter à cela que la vertu était inutile, et la religion une fable, eût peut-être mieux fait de vous assassiner tout d’un coup. Dans ce dernier cas, il ne vous faisait éprouver qu’un instant de douleur ; dans l’autre, il sème la carrière de vos jours de ronces et d’infortunes : l’abus des mots a pu vous entrainer à toutes ces erreurs, sachez donc analyser, avec justesse, cette vertu qu’on voulut vous faire mépriser. Ce qu’on appelle ainsi, Juliette, est la fidélité constante à remplir nos obligations envers nos semblables ; or, je vous demande quel est l’être assez insensé pour oser placer le bonheur à ce qui brise tous les liens en nous enchaînant à la société ? croira-t-il cet être là… osera-t-il se flatter d’être le seul heureux quand il plongera tout le monde dans l’infortune ? sera-t-il assez fort, assez puissant, assez audacieux, pour résister seul à la volonté de tous, et pour que la somme des volontés générales puisse céder aux irrégularités de