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Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 7, 1797.djvu/285

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ment qu’il puisse exister dès ames assez dépravées pour admettre une jouissance dans le premier cas ; croyez-vous qu’elle vaille celle du second ? Ce qui est excessif, et ce qui n’affecte qu’un instant, peut-il se comparer à une jouissance pure, douce et prolongée ? La haine et les malédictions de nos semblables, en un mot, peuvent-elles valoir leur amour et leur bienveillance ? Êtes-vous immortel, êtes-vous impassible, homme immoral et dépravé ? ne flottez-vous pas comme nous sur cet océan dangereux de la vie ; et comme nous, n’avez-vous donc pas besoin de secours si vous venez à faire naufrage ? croyez-vous retrouver les hommes quand vous les aurez insultés ? et vous croyez-vous donc un Dieu, pour pouvoir vous passer des hommes ? Si vous m’accordez ces premiers principes, avec quelle facilité je vais vous conduire en aimant les vertus, à l’adoption de l’être qui les réunit toutes… Oh ! Juliette, quel est-il donc le funeste aveuglement de l’athée ? Ah ! je ne vous demande que l’examen des beautés de l’univers, pour vous convaincre la nécessité de l’existence de son divin auteur ; c’est le prestige des passions qui