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Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 7, 1797.djvu/286

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empêche l’homme de reconnaître son Dieu. Celui qui s’est rendu coupable aime à douter de l’existence de son juge ; il trouve plus court de le nier que de le craindre, et il devient moins pénible pour lui de dire : Il n’y a point de Dieu, que d’être obligé de redouter celui qu’il outragea ; mais éloignant de lui ces préjugés qui l’ont trompé, qu’il jette un coup-d’œil impartial sur la nature, il y reconnaîtra dans tout l’art infini de son auteur, Ah ! Juliette, la théologie n’est une science que pour le vicieux ; elle est la voix de la nature pour celui qu’anime la vertu ; image du Dieu qu’il adore et qu’il sert, il serait bien fâché celui-là, si sa consolation n’était qu’une fable ; oui, l’univers porte le caractère d’une cause infiniment puissante et industrieuse ; et le hasard, triste et faible ressource des malhonnêtes gens, c’est-à-dire le concours fortuit de causes nécessaires et privées de raisons ne saurait avoir rien formé ; l’être suprême admis, comment se refuser au culte qui lui est dû ? Ce qu’il y a de plus sublime au monde ne mérite-t-il pas nos hommages ? celui de qui nous tenons toutes nos jouissances, n’a-t-il donc pas des droits à nos re-