Aller au contenu

Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 7, 1797.djvu/287

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

merciemens ? Une fois là, combien il me deviendra facile de vous prouver que, de tous les cultes de la terre, le plus raisonnable de tous, est celui dans lequel vous êtes née… Ah ! Juliette, si vous aimez la vertu, vous aimerez bientôt la sagesse du divin auteur de votre religion ; jetez les yeux sur la sublime morale qui la caractérise, et voyez s’il fût un seul philosophe de l’antiquité qui en prêchât une plus pure et plus belle : l’intérêt, l’ambition, l’égoïsme s’annoncent dans la morale de tous les autres, celle de Christ seul n’a d’autre vue que l’amour des hommes : Platon, Socrate, Confucius, Mahomet, attendent une réputation et des sectateurs ; l’humble Jésus ne voit que la mort, et sa mort même est un exemple.

J’écoutais cet homme sensé… Juste ciel ! me disais-je en moi-même ; voilà, sans doute, l’ange dont la Durand m’a parlé ; voilà celui qui doit m’annoncer des vertus incompréhensibles… et je serrai machinalement la main de ce nouvel ami : des larmes coulaient de ses yeux ; il me pressait dans ses bras : non, monsieur, lui dis-je, je ne me sens pas digne du bonheur que vous m’offrez… j’en ai trop fait, le retour serait