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Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 7, 1797.djvu/301

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sieur de Lorsange ; il fit et dit les plus belles choses du monde ; sa chambre devint une chapelle où tous les sacremens se célébrèrent. Il m’exhorta, me sermona, m’ennuya ; me recommanda sa prétendue petite fille, et rendit l’ame entre les bras de trois ou quatre confesseurs. En vérité, si cela avait duré seulement deux jours de plus, je crois que je l’aurais laissé mourir tout seul. Les soins dûs à ce qu’on assure aux moribonds, sont encore une de ces obligations sociales que je n’entends pas. Il faut tirer tout le parti possible d’une créature vivante ; mais dès que la nature, en l’affligeant par des maladies, nous avertit qu’elle travaille à réunir cette créature à elle, dans la crainte de contrarier ses loix, nous ne devons plus nous en mêler ; il faut la laisser aller, aider même à ses intentions. Les malades, en un mot, doivent être abandonnés ; il faut placer près d’eux quelques objets de soulagement… se retirer ensuite. Il est contre la nature que des gens sains, aillent, par un procédé qui contrarie les loix de cette même nature, respirer par anticipation l’air infecté de la chambre du malade, et s’exposer à le devenir eux-mêmes, pour faire