Aller au contenu

Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 7, 1797.djvu/300

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

quelques lettres anonymes, qui m’avertissaient que Saint-Fond, toujours dans le plus grand crédit, et redoutant mes indiscrétions, se repentait de ne m’avoir pas fait enfermer, et qu’il s’informait de moi, de toutes parts. Craignant que mon changement de nom et de fortune ne me mit pas encore assez à couvert, je résolus de placer les Alpes entre sa haine et moi : mais il fallait briser mes liens ; pourais-je exécuter ce projet, tant que je serais sous la puissance d’un époux ? Peu génée par ce frein, je ne m’occupai plus que des moyens de l’anéantir, avec autant de mystère que de sûreté. Tout ce que j’avais fait en ce genre applanissait à mes regards un crime d’aussi peu d’importance ; je me branlai en le combinant, et l’extrême volupté dont ce complot me fit jouir, me détermina bientôt à l’exécution. Il me restait six prises de chacun des poisons achetés chez la Durand ; j’administrai à mon cher époux le royal, et par respect pour sa personne, et parce que le tems qui devait s’écouler depuis la prise de ce poison, jusqu’à la mort de ce tendre époux, me mettait absolument à l’abri.

Rien de sublime comme la mort de mon-