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Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 7, 1797.djvu/303

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et voilà donc la main du sort… toujours ami du crime, et le couronnant encore une fois dans l’une de ses plus fidelles sectatrices.

Par un hasard très-heureux pour moi, l’abbé Chabert, long-tems en Italie, put garnir mon porte-feuille des meilleures lettres de recommandation. Je lui laissai ma fille, dont il me promit d’avoir tous les soins possibles… soins, nécessités bien plus par mon intérêt que par une tendresse filiale, trop éloignée de mes systêmes, pour jamais être éprouvée de mon cœur. Je ne pris avec moi, pour objets de luxure, qu’un grand laquais de figure charmante, nommé Zéphir, et dont j’étais bien souvent la Flore et qu’une femme-de-chambre, nommée Augustine, âgée de dix-huit ans, et belle comme le jour. Accompagnée de ces deux honnêtes sujets, d’une autre femme sans conséquence, et le coffre-fort bien garni, je pris la poste sans m’arrêter jusqu’à Turin, et je ne fis que là mon premier séjour.

Oh dieu ! me dis-je, en respirant un air et plus pur et plus libre, me voilà donc dans cette partie de l’Europe si intéressante et si recherchée par les curieux ; me voilà dans la