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Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 7, 1797.djvu/304

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patrie des Nérons et des Messalines ; je pourrai peut-être en foulant le même sol, que ces modèles de crimes et de débauches, imiter à-la-fois les forfaits du fils incestueux d’Agrippine, et les lubricités de la femme adultère de Claude. Cette idée ne me laissa pas dormir de la nuit, et je la passai dans les bras d’une jeune et jolie fille de l’hôtel d’Angleterre, où j’étais descendue… délicieuse créature, que j’avais trouvé le moyen de séduire dès en arrivant, et dans le sein de laquelle je goûtai des plaisirs divins.

Il n’y a point dans toute l’Italie de ville plus régulière et plus ennuyeuse que Turin ; le courtisan y est fastidieux, le citadin fort triste, le peuple dévot et superstitieux. Très-peu de ressources d’ailleurs pour les plaisirs ; j’avais, en partant, formé le projet d’une véritable libertine, et c’est à Turin que j’en commençai l’exécution. Mon dessein était de voyager en courtisanne célèbre, de m’afficher partout, de joindre à ma fortune le tribut retiré de mes charmes, et de profiter, pour le compte de mon libertinage, de tout ce qui ne me serait présenté que par les mains de la jeunesse et de la vigueur. Dès le len-