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Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 7, 1797.djvu/311

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bouche ; et comme je le branlais fort bien, il déchargea très-voluptueusement : il m’offrit la moitié de son chocolat, j’acceptai ; nous politiquâmes ; les droits que ma nation et mon sexe me donnaient, ceux que je venais d’acquérir, ma franchise naturelle, tout me mit à mon aise, et voici à-peu-près ce que j’osai dire à ce petit despote.

Respectable portier de l’Italie, toi qui descends d’une maison dont l’agrandissement est un vrai miracle de politique, toi dont les ancêtres, n’aguères simples particuliers, ne se sont rendus puissans qu’en permettant aux princes extra-montains de traverser tes états, pour aller s’aggrandir en Italie… permission que tes habiles ancêtres ne leur donnaient qu’aux conditions de partager. Roitelet de l’Europe, en un mot, daignes m’écouter un moment.

Placé au-delà de tes montagnes, comme l’oiseau de proie qui attend la colombe pour la dévorer, tu commences à comprendre que dans l’état où tu te trouves, tu n’as, pour t’aggrandir, que la sottise des cours, ou leurs fausses démarches : voilà, je le sais, ce qu’on te disait il y a trente ans ; mais combien le systême a changé depuis lors ; la sot-