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Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 7, 1797.djvu/310

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restai seule dans le cabinet. Une vieille femme vint m’y reprendre, et me ramena dans mon hôtel, après m’avoir compté mille sequins. Courage, me dis-je, mes promenades en Italie ne me coûteront pas cher, et j’économiserai le bien de mademoiselle de Lorsange, si je trouve une pareille aubaine dans toutes les villes où je passerai. Ah ! les fleurs ne naissent pas toujours sous les pas des courtisanes publiques ; et dès que de plein gré j’en reprenais le titre, il était juste qu’avec les bénéfices j’acceptasse également les charges. Mais nous n’en sommes point encore aux dangers.

Tout dévot qu’est le roi de Sardaigne, il aime le libertinage ; Chablais lui avait raconté notre entrevue : il voulut de moi ; Diana me prévint qu’il ne s’agissait que de recevoir de cette main royale quelques clistères qu’il devait s’amuser à me voir rendre pendant que je lui branlerais le vit, et que j’aurais deux mille sequins pour cette opération. Curieuse de voir si les souverains déchargeaient comme les autres hommes, je ne balançai point, le roi des ramoneurs s’abaissa au rôle humiliant d’être mon apothicaire ; je lui rendis six lavemens dans la