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Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 7, 1797.djvu/317

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templer à l’aise, un pays qui donnerait l’idée du ciel, si l’on pouvait le traverser sans voir les hommes. Le premier jour nous fûmes coucher à Asti. Cette ville, prodigieusement déchue de son ancienne grandeur, n’est presque plus rien aujourd’hui ; le lendemain, nous ne dépassâmes point Alexandrie ; Sbrigani m’ayant assuré qu’il y avait beaucoup de noblesse dans cette ville, nous prîmes le parti d’y passer quelques jours, afin d’y trouver des dupes.

Aussitôt que nous arrivions quelque part, mon soigneux époux faisait faire une sorte de proclamation secrette, mais suffisante néanmoins, d’après les soins qu’il prenait, pour que tous ceux qui se trouvaient en état de payer mes charmes, pussent en savoir à-peu-près le détail et le prix.

Le premier qui se présenta, fut un vieux, prince piémontais, retiré de la cour depuis dix ans ; il ne voulait, disait-il, que voir mon derrière. Sbrigani lui fit d’abord payer cinquante sequins le premier plaisir ; mais le duc, échauffé de la perspective, exigea bientôt davantage. Toujours soumise à mon mari, j’annonce que je ne puis rien faire sans sa participation ; le duc, hors d’état