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Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 7, 1797.djvu/318

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d’entreprendre une attaque sérieuse témoigne l’envie de fouetter. Cette manie console les amans du cul ; on aime à outrager le Dieu dont on ne peut entr’ouvrir le temple ; au prix d’un sequin par coup, Sbrigani l’assure qu’il peut essayer ; et au bout d’un quart-d’heure, j’ai trois cents sequins dans ma bourse. Mon époux voyant, à la manière coulante dont agit le grand seigneur, qu’il deviendra possible de l’attirer dans quelques piéges, s’instruit de tout ce qui peut le concerner, et le prie de faire à sa femme l’honneur de souper chez elle. Tout bouffi de cette faveur, le vieux courtisan accepte.

Respectable favori du plus grand prince d’Italie, dit mon époux, en lui présentant Augustine, à qui nous avions donné le mot, il est tems que le sang parle, il est tems que la nature agisse dans votre ame ; rappelez-vous l’intrigue que vous eûtes autrefois dans Venise, avec la signora Delphina, épouse d’un noble de la seconde classe. Eh bien ? Excellence, voilà le fruit de cette intrigue. Augoustina est votre fille ; embrassez-la, seigneur, elle est digne de vous. C’est moi qui formai son enfance, et vous voyez si