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Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 7, 1797.djvu/320

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vîte en besogne : cette fille est à moi, tant que vous ne me remettrez pas les frais immenses qu’elle me coûte ; dix mille sequins les payeront à peine : cependant l’honneur singulier que vous avez bien voulu faire à ma femme, est cause que je me contenterai de cette légère somme ; si vous voulez qu’Augoustina vous suive, ayez la complaisance de la compter, Monseigneur, autrement je ne saurais la laisser aller.

Le Duc, aussi riche que paillard, crut ne pouvoir trop payer un aussi joli morceau ; dès le même soir l’argent est donné, et ma femme-de-chambre suit son prétendu père. Parfaitement instruite par nous, la chère fille, pour le moins aussi adroite que moi dès qu’il s’agissait d’écorner la propriété d’autrui, ne tarda pas à faire un excellent coup. Nous étions allés l’attendre à Parme ; quinze jours après elle revint, et nous raconta que le Duc, éperduement amoureux d’elle, avait exigé ses couches dès le même soir. Plus elle lui avait représenté les liens qui s’opposaient à une telle intrigue, plus le paillard s’était échauffé, plus il avait desiré la jouissance, en assurant qu’on n’y regardait pas de si près en