Aller au contenu

Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 7, 1797.djvu/336

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

des cris affreux nous parurent sortir de dessous terre ; et nous apprîmes bientôt que c’était dans les voûtes de cette salle qu’étaient situés les cachots où gémissaient les victimes de ce monstre. Je vous tiens, nous dit-il, dès que nous fûmes assis, vous êtes en ma puissance ; je peux faire de vous ce qu’il me plaira : ne vous effrayez pourtant point ; les actions que je vous ai vu commettre sont trop analogues à ma façon de penser pour que je ne vous croye pas dignes de connaître et de partager les plaisirs de ma retraite. Écoutez-moi, j’ai le tems de vous instruire avant le souper ; on le prépare pendant que je vais vous parler.

Je suis Moscovite, né dans une petite ville qui se trouve sur les bords du Volga. On m’appelle Minski : mon père en mourant me laissa des richesses immenses, et la nature proportionna mes facultés physiques et mes goûts, aux faveurs dont me gratifiait la fortune. Ne me sentant point fait pour végéter dans le fond d’une province obscure, comme celle où j’avais reçu le jour, je voyageais ; l’univers entier ne me paraissait pas encore assez vaste pour l’étendue de mes desirs ; il me présentait des bornes, je n’en