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Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 7, 1797.djvu/348

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ans, servirent les plats sur les tables vivantes ; et comme ils étaient d’argent et fort chauds, en brûlant les fesses ou les tetons des créatures qui formaient ces tables, il en résulta un mouvement convulsif très-plaisant, et qui ressemblait aux agitations des flots de la mer ; plus de vingt entrées ou plats de rôti garnissaient la table ; et sur des servantes, composées de quatre filles grouppées, et qui s’approchèrent de même au plus léger signal, furent placés des vins de toute espèce.

Mes amis, nous dit notre hôte, je vous ai prévenu qu’on ne se nourrissait ici que de chair humaine ; il n’est aucun des plats que vous voyez, qui n’en soit : nous en tâterons, dit Sbrigani ; les répugnances sont des absurdités ; elles ne naissent que du défaut d’habitude ; toutes les viandes sont faites pour substanter l’homme ; toutes nous sont offertes, à cet effet, par la nature, et il n’est pas plus extraordinaire de manger un homme qu’un poulet ; en disant cela, mon époux enfonça une fourchette dans un quartier de garçon, qui lui parut fort bien apprêté, et en ayant mis au moins deux livres sur son assiette, il les dévorai je l’imitai ;