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Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 7, 1797.djvu/363

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de développer son esprit, est celle qui nous fait regarder comme sacré, l’individu que sa curiosité, ses besoins ou le hasard amènent dans nos foyers ; il n’y eut jamais qu’un motif personnel qui pût nous jeter dans cette erreur ; plus un peuple est rapproché de la nature, moins il connaît les droits de l’hospitalité ; une infinité de sauvages tendent au contraire des embûches aux voyageurs pour les attirer chez eux, et ils les immolent dès qu’ils les tiennent. Quelques nations faibles et grossières, agissant différemment, s’empressent au contraire de fêter ceux qui les visitent ; et elles portent, sur ce point, l’honnêteté jusqu’à leur présenter leurs femmes et leurs enfans de l’un et de l’autre sexes ; ne soyons pas la dupe de ce procédé, il est encore le fruit de l’égoïsme. Les peuples qui se conduisent ainsi cherchent des appuis, des protections parmi les étrangers qui les visitent ; les trouvant plus forts, plus beaux qu’eux, ils desireraient que ces étrangers se fixassent dans leurs pays, ou pour les défendre, ou pour leur former, en voyant leurs femmes, des enfans qui régénérassent leur nation : voilà le but de cette hospitalité qui séduit et que les sots s’avisent de louer.