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Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 7, 1797.djvu/364

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Soyez bien persuadée qu’aucun autre sentiment ne la fait naître. D’autres peuples attendent des jouissances des hôtes qu’ils reçoivent, et les caressent pour s’en servir ; ils les foutent. Mais aucune nation, soyez en bien certaine, n’exerça gratuitement l’hospitalité : lisez l’histoire de toutes, et vous découvrirez dans toutes, les motifs qui les portèrent à recevoir généreusement des hôtes ; et qu’y aurait-il en effet de plus ridicule que d’accueillir dans sa maison un individu dont on n’attendrait rien ? en vertu de quoi un homme est-il engagé à faire du bien à un autre homme ? La ressemblance morale ou matérielle d’un corps à un autre entraine-t-elle, pour un de ces corps, la nécessité de faire du bien à l’autre ? J’estime les hommes autant qu’ils me servent ; je les méprise et les déteste même, dès qu’ils ne peuvent m’être bons ; car n’ayant plus alors que des vices à m’opposer et n’étant plus que redoutables à mes regards, je dois les fuir comme des bêtes féroces, qui dès ce moment ne peuvent plus que me nuire ; l’hospitalité fut la vertu prêchée par le faible : sans asile, sans énergie, n’attendant son bien-être que des autres, il dut assu-