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Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 7, 1797.djvu/373

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lui, et je ne pourrais plus que végéter sur la terre, si je cessais d’en commettre au moins-un par heure… Avec cette façon de penser, répondis-je au géant, vous devez avoir été le bourreau de votre famille. — Hélas ! j’ai manqué mon père, c’est ce qui me désole ; j’étais trop jeune quand il mourut, mais tout le reste a passé par mes mains ; je vous ai déjà dit la mort de ma mère et de ma sœur, j’aurais voulu les voir renaître pour avoir le plaisir de les massacrer encore ; je suis assez malheureux maintenant pour ne pouvoir plus sacrifier que des victimes ordinaires, mon cœur se blâse, je ne jouis plus… O Minski ! que vous êtes heureux, m’écriai-je ! j’ai, comme vous, tâté de ces plaisirs, mais non pas avec tant d’étendue… Mon ami, vous échauffez ma tête à un point prodigieux ; j’ai une grace à vous demander, c’est de me laisser moissonner à l’aise dans vos innombrables possessions ; ouvrez-moi ce vaste champ de crime et de lubricité, que je le fertilise par du foutre et par des cadavres. Je le veux, dit Minski, mais j’y mets une condition… je ne vous propose pas de vous sodomiser, je vous crèverais ; mais j’exige de vous l’aban-