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Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 7, 1797.djvu/372

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voulez faire aux parens infortunés d’Augustine, ne retomberait-elle pas dans tous les inconvéniens de l’aumône et de la pitié dont vous m’avez paru si persuadée ? Juliette, la charité ne fait que des dupes, la bienfaisance, que des ingrats ; soyez persuadée de ces systêmes, et consolez-vous, puisque je ne vous en rendrai pas la victime.

Ces principes font également ma félicité, dis-je au géant ; toujours la vertu me fit horreur, jamais aucun plaisir ne naquit dans son sein ; et pour en convaincre ce moscovite, je lui racontai par quelle terrible catastrophe toute ma fortune avait été bouleversée pour avoir été vertueuse un jour. Je n’ai point de semblables reproches à me faire, dit Minski, et depuis ma plus tendre enfance, pas un instant mon cœur ne fût combattu par ces sentimens pusillanimes dont les effets sont si dangereux ; je haïs la vertu comme la religion, je les crois toutes deux aussi funestes l’une que l’autre, et jamais l’on ne me verra plier sous leur joug ; je ne connais d’autres remords que celui de n’avoir pas fait assez de crimes ; le crime, en un mot, est mon élément, lui seul me fait vivre et m’inspire, je ne vis que pour