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Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 7, 1797.djvu/69

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Une musique mélodieuse se fit entendre ; on me dit que c’était l’avertissement du souper ; je passai avec tout le monde dans la voluptueuse salle du festin. La décoration représentait une forêt, coupée par une infinité de petits bosquets, sous lesquels étaient des tables de douze couverts. Des guirlandes de fleurs pendaient aux festons des arbres, et des millions de lumières, placées avec le même art que celles de l’autre sallon, répandaient la clarté la plus douce : deux frères servans, attachés à chacune de ces tables, la soignaient avec autant de propreté que de promptitude ; il n’assista guères que deux cents personnes au souper ; tout le reste était aux sérails. Chacun choisissait sa compagnie pour se placer à ces différentes tables ; et là, splendidement et magnifiquement servis, au son d’une musique enchanteresse, on se livrait, à-la-fois, aux intempérances de Comus, et à tous les désordres de Cypris.

Clairwil, revenue des sérails, s’était rapprochée de moi ; il était facile de voir à son désordre, les excès où elle venait de se porter ; ses regards brillans, ses joues animées, ses cheveux flottans sur son sein ; les mots