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Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 7, 1797.djvu/70

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mots obscènes ou féroces qu’elle prononça, tout, tout peignait encore des nuances de délire qui la rendait mille fois plus belle : je ne pus m’empêcher de la baiser en cet état. Scélérate, lui dis-je, à combien d’horreurs tu viens de te livrer ! Console-toi, me dit-elle, nous les ferons bientôt ensemble. Les deux petites sœurs avec lesquelles je venais de me branler, deux femmes de quarante ans, deux fort jolies de vingt à vingt-cinq, et six hommes, composaient notre table.

Ce qu’il y avait de fort singulier dans l’arrangement de ces bosquets, c’est qu’il n’était pas une seule table d’où l’on ne pût voir toutes les autres ; et par une suite du cinisme qui avait dirigé tout ceci, les lubricités du souper ne pouvaient pas plus échapper à l’œil observateur, que celles du salon.

Ces dispositions me firent voir des choses bien extraordinaires ; on ne se figure point l’égarement d’une tête luxurieuse en de pareils instans. Je croyais tout savoir en libertinage, et cette soirée me convainquit que je n’étais encore qu’une novice. Oh ! mes amis, que d’impuretés, que d’horreurs que d’extravagances ! Quelques-uns sortaient de table pour passer dans des cabi-