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Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 7, 1797.djvu/87

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ne me verras jamais frémir quelle que soit l’action qu’il me faille commettre, soit pour mes intérêts, soit pour mes plaisirs. Cher ange, me dit Clairwil, en me baisant, je t’exhorte à n’avoir jamais d’autres Dieux.

À quelques tems de-là, Clairwil vint me proposer une assez singulière partie. Nous étions dans le carême : allons faire nos dévotions, me dit-elle. — Es-tu folle ? — Non : c’est une fantaisie fort extraordinaire que j’ai conçue depuis quelques tems, et que je ne veux passer qu’avec toi. Il y a aux carmes un religieux de trente-cinq ans, beau comme le jour, que je convoite depuis six mois ; je veux absolument en être foutue, mais par un moyen bien plaisant : nous allons aller à confesse à lui ; nous échaufferons sa tête par les plus lubriques détails ; il bandera ; je suis persuadée que, de lui-même, il nous fera des propositions ; il nous indiquera la façon de le voir, nous nous y rendrons sur-le-champ et nous l’épuiserons… Nous n’en resterons pas là ; nous irons communier, nous recueillerons les hosties dans nos mouchoirs, puis nous reviendrons déjeûner chez toi et faire des horreurs sur ce mi-