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Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 7, 1797.djvu/90

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pût assurément nous prendre que pour deux dévotes.

Clairwil commença ; je m’en apperçus : le pauvre carme était déjà tout en feu quand je le pris. Oh ! mon père, lui dis-je, accordez-moi beaucoup d’indulgence, car j’ai de grandes horreurs à vous révéler ! — Courage mon enfant, Dieu est bon et miséricordieux, il nous écoute avec bonté ; de quoi est-il donc question ? — De fautes énormes, mon père, et qu’un affreux libertinage me fait commettre chaque jour : quoique bien jeune encore, j’ai brisé tous les freins, j’ai cessé d’implorer l’être suprême et il s’est séparé de moi. Oh ! quel besoin j’ai de votre intercession près de lui ! les écarts de ma luxure vous feront frémir, j’ose à peine vous les avouer. — Êtes-vous mariée ? — Oui, mon père, et j’outrage chaque jour mon époux par la conduite la plus débordée. — Un amant… une inclination ? — Le goût des hommes en général, celui des femmes, tous les genres possibles de débauches. — Vous avez donc un tempérament ? — Irrassasiable, mon père ; voilà ce qui m’entraîne dans la carrière du vice… ce qui m’y plonge avec