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Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 9, 1797.djvu/74

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cours au moins, jusqu’à l’époque très-prochaine, ou ma sœur me renverrait des fonds.

D’après les récits que j’entendis faire du lord Burlington, ce fut chez lui que je me présentai le premier. Dès qu’il eut lu mes lettres, je lui racontai mes malheurs ; il n’y eut sortes de services que ce bon anglais ne m’offrit. Quoique Burlington ne fut pas très-riche, mille guinées furent sa première offre, et jamais il ne voulut me laisser loger ailleurs que chez lui ;. j’acceptai d’autant plus volontiers que je voyais déjà dans l’intérieur de cette honnête famille, infiniment de moyens d’acquitter par des crimes, la reconnaissance que je devais à ce bienfaiteur.

Avant que d’en venir aux détails de ces petites infamies secrettes, il est essentiel de vous donner quelques idées des personnages avec lesquels je me trouvais.

Burlington, le plus franc, le plus serviable des hommes, pouvait être âgé de cinquante-cinq ans ; de la bonhomie, de la franchise, peu d’esprit, beaucoup de douceur, à-la-fois un sot et un homme obligeant, tel était le portrait du bon lord ; un