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Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 9, 1797.djvu/75

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gendre et deux filles composaient le reste du logis. Tilson, âgé de vingt-trois ans, venait d’épouser l’aînée de ces deux filles. À-peu-près du même âge, la nature offrait peu de modèle d’un couple aussi délicieux : charmes, grâces, naïveté, candeur, piété, sagesse, tout caractérisait ce ménage charmant, et la réunion de tant de vertus consolait Burlington des travers où donnait malheureusement miss Cléontine, la cadette de ses filles, âgée de dix-huit ans au plus, et la plus belle créature qu’il fût possible de voir ; mais la méchanceté, la noirceur, le putanisme le plus outré, tels étaient les vices dont rien ne pouvait corriger Cléontine : mille fois plus heureuse de ses travers, osait-elle dire, que jamais Clotilde sa sœur, ne le fut de ses ennuyeuses vertus.

Je n’eus pas plutôt démêlé le caractère délicieux de cette fille, que j’en devins amoureux, autant que pouvait l’être un homme aussi corrompu que moi ; mais comme son père m’avait confié tous les chagrins que lui donnait cette jeune personne, je me trouvais dès-lors engagé à des retenues infinies.

Au travers des impressions tumultueuses