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Page:Sade - Les 120 Journées de Sodome, éd. Dühren, 1904.djvu/143

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dans une chambre voisine de celle où se faisaient communément les parties, et dans laquelle je venais d’être enfermée, m’y fit voir un trou qui répondait à plomb sur le canapé et duquel on voyait facilement tout ce qui s’y passait. Elle me dit que les demoiselles se divertissaient entre elles à aller voir par-là ce que les hommes faisaient à leurs compagnes, et que j’étais bien la maîtresse d’y venir moi-même quand je voudrais, pourvu qu’il ne fut pas occupé, car il arrivait souvent, disait-elle, que ce respectable trou servait à des mystères dont on m’instruiserait en temps et lieu.89) Je ne fus pas huit jours sans profiter de ce plaisir, et un matin qu’on était venu demander une nommée Rosalie, une des plus belles blondes qu’il fût possible de voir, je fus curieuse d’observer ce qu’on allait lui faire. Je me cachai et voici la scène dont je fus témoin. [8] L’homme à qui elle avait affaire, n’avait pas plus de vingt-six ou trente ans, dès qu’elle entra, il la fit asseoir sur un tabouret très élevé et destiné à cette cérémonie, aussitôt qu’elle y fut, il détacha toutes les épingles qui tenaient la chevelure, et fit flotter jusqu’à terre, une forêt de cheveux blonds superbe dont la tête de cette belle fille était ornée ; il prit un peigne dans sa poche, les peigna, les démêla, les mania, les baisa en entremêlant chaque action d’une éloge, sur la beauté de cette chevelure qui l’occupait si uniquement, il sortit enfin de ses culottes un petit vit sec et très roide, qu’il enveloppa promptement des cheveux de sa dulcinée, et se manuélisant dans le chignon, il déchargea en passant son autre main autour du col de Rosalie, et fixant sa bouche à ses baisers, il redeveloppa son engin mort, je vis les cheveux de ma compagne tout gloués