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Page:Sade - Les crimes de l'amour, Nouvelles héroïques et tragiques, tome 3, 1799.djvu/106

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mes plus tendres ans. Antonio, reprend Laurence avec vivacité, cède au mouvement qui te parle en ma faveur… N’arrête point ces larmes qui mouillent tes paupières, viens les répandre dans mon sein… dans ce sein brûlé de ton amour… viens déchirer, si tu le veux, ce cœur que tu crois coupable, et qu’enflamme toujours ta tendresse… oui, j’y consens, anéantis des jours dont tu ne crois plus l’hommage digne de toi ; mais ne me laisse pas mourir dans l’affreuse idée d’être soupçonnée… d’être méprisée de mon époux… Pourquoi Urbain n’existe-t-il plus ?… moins fourbe… peut-être sa candeur… Antonio que ne peux tu m’entendre, pourquoi les expressions sont-elles enchaînées sur mes lèvres ? pourquoi m’accuses-tu par préférence ?… et qui doit t’aimer plus que moi ?

Mais Antonio n’entendait plus ces dernières paroles ; entraîné par son père… convaincu du crime de sa femme, il va prononcer contre elle… il va, trop malheureusement séduit, consentir au