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Page:Sade - Les crimes de l'amour, Nouvelles héroïques et tragiques, tome 3, 1799.djvu/115

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compagne toujours le crime, et cette sécurité de celui qui s’y livre, devient l’arrêt du ciel, qui venge la nature.

Une prison est aussi-tôt préparée pour Laurence ; Camille voulait qu’elle fût affreuse, Charles s’y oppose. Non, dit-il, ménageons nos coups par politique, ne frappons les plus forts qu’au besoin ; je veux que Laurence trouve dans sa cellule tous les meubles qui peuvent adoucir sa situation, elle y sera splendidement servie, rien ne lui manquera.

Tout étant prêt dès le même soir, Strozzi, qui brûle d’être assuré de sa conquête, entre chez sa belle-fille, et lui déclare qu’il est muni de l’ordre de son mari de la faire mourir dans un bain. — Dans un bain, seigneur ?… ce supplice est-il bien affreux ? — C’est le moins douloureux de tous. — Oh ! qu’importe, qu’importe, je n’ai plus de malheur à craindre, je n’ai plus de tourmens à redouter ; la perte du cœur d’Antonio était le seul qui pût m’anéantir, je l’ai éprouvé dans toute son horreur ; la vie m’est indifférente aujourd’hui, je