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Page:Sade - Les crimes de l'amour, Nouvelles héroïques et tragiques, tome 3, 1799.djvu/116

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consens à la perdre… Mais vous qui connaissiez aussi-bien mon innocence, d’où vient qu’il vous a plu de m’accuser… de me couvrir de calomnies ? pourquoi donc avez-vous souffert les atrocités de Camille ? — Dès que vous eûtes connu mes desirs, que vous leur eûtes résisté avec tant de rigueur, pûtes-vous imaginer un instant que ma vengeance ne vous écraserait pas ? — Vous me trompâtes donc bien cruellement, quand vous m’assurâtes que vos épreuves n’étaient que des pièges à ma vertu, dont le lustre ressortait avec plus d’éclat ? — Ces récriminations deviennent superflues, il faut céder à votre étoile. — Ainsi donc je suis votre victime ! C’est donc vous seul qui me sacrifiez… vous dont j’attendais des secours dans mes jeunes ans, vous qui deviez assurer mes pas dans le sentier de la sagesse, vous qui deviez me tenir lieu du tendre père que m’ont ravi mes malheurs… c’est vous, cruel, qui, parce que je n’ai plus d’appui dans le monde, qui, parce que le n’ai pas voulu céder au crime, allez