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Page:Sade - Les crimes de l'amour, Nouvelles héroïques et tragiques, tome 3, 1799.djvu/121

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songez-y… vous aimez Antonio, vous pouvez le revoir… ô Laurence, Laurence ! je n’en puis dire davantage : adieu.

Laurence très-agitée, passa huit jours dans cette situation, sans entendre parler ni de Camille, ni de son beau-père ; elle était servie par un vieillard qui ne la laissait manquer de rien, mais duquel il était impossible de tirer aucune sorte d’éclaircissemens. Son état fut cruel pendant cette première partie de ses malheurs ; la crainte, l’inquiétude… le désespoir sur-tout, de ne plus se trouver peut être à même de prouver son innocence, le regret (à tel prix que cela eut pu être) de ne l’avoir pas fait éclater assez quand elle le pouvait, et d’avoir été contenue par des considérations trop délicates pour que le barbare qui la sacrifiait eût pu les sentir, tels étaient les sentimens confus qui la déchiraient tour-à-tour, tel était le cahos d’idées où flottait son imagination ; l’infortunée se noyait dans ses larmes, elle les faisait couler avec une joie amère, sur ce portrait charmant d’un époux trop