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Page:Sade - Les crimes de l'amour, Nouvelles héroïques et tragiques, tome 3, 1799.djvu/13

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malheureux sacrifiés par Rodrigue se trouvaient réunis dans cette salle ; là, chacun subissait le supplice auquel il avait été condamné. Reconnais-tu ces infortunés, dit le géant ? voilà comme les crimes des despotes devraient quelquefois s’offrir à leurs regards ; les seconds leur font oublier les premiers ; ils n’en voyent jamais qu’un à-la-fois… ainsi présentés tous ensemble, peut-être les feraient-ils frémir ; considère les ruisseaux de sang répandus par ta main, seulement pour servir tes passions ; d’un mot, je peux rendre tous ces malheureux libres, d’un mot, je peux te livrer à eux. Fais ce que tu voudras, dit le fier Rodrigue ; je ne suis pas venu si loin pour trembler. Suis-moi donc, continue le géant, puisque ton courage égale tes forfaits. Rodrigue passe de là dans une seconde salle, où son conducteur lui fait voir toutes les jeunes filles qu’avaient deshonorées ses lâches plaisirs ; les unes s’arrachaient les cheveux, d’autres cherchaient à se poignarder, quelques-unes s’étant déjà donné la mort, na-