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Page:Sade - Les crimes de l'amour, Nouvelles héroïques et tragiques, tome 3, 1799.djvu/131

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core, j’ai toujours dans mon cœur ces derniers regards que tu daignas jeter sur moi quand tu t’arrachas de mes bras… On t’aveuglait, on te séduisait, Antonio, je te pardonne ; puis-je entrevoir tes torts quand mon âme s’occupe de toi ; elle sera pure cette âme, elle sera digne de la tienne, je ne me serai point conservée par un forfait horrible, je n’aurai pas mérité ton mépris… mais s’il était vrai que tes jours fussent au prix du crime qu’on exige… s’il était vrai que je pusse te sauver en cédant… Non, tu ne le voudrais pas, Antonio, la mort t’effrayerait moins que l’infidélité de ta Laurence… Ah ! renonçons ensemble à ces liens terrestres qui ne nous captivent que sur un océan de douleurs, brisons-les puisqu’il le faut, et périssons tous deux au sein de la vertu. Cette infortunée se jette à terre après cette invocation, elle y reste… elle y demeure inanimée, jusqu’à l’instant où son cachot se r’ouvre.

Cet intervalle avait été rempli par un évènement singulier ; Charles s’était