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Page:Sade - Les crimes de l'amour, Nouvelles héroïques et tragiques, tome 3, 1799.djvu/132

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déterminé à deux crimes à-la-fois, à celui de ne pas attendre plus long-tems pour consommer ses projets sur l’épouse de son fils, que la force allait lui soumettre, puisqu’il lui devenait impossible de réussir autrement ; et à celui d’ensevelir la mémoire de toutes ses horreurs en se débarrassant du deuxième complice qui le servait. Il avait empoisonné Camille ; mais cette nouvelle victime n’avait pas plutôt senti les atteintes du venin, que le remords était venu la déchirer, profitant de ses dernières forces, elle s’était hâté d’écrire à Antonio : elle lui dévoilait les trames de son père, lui demandait pardon d’avoir aidé à les ourdir, lui apprenait que Laurence respirait encore, qu’elle était innocente, et lui conseillait de ne pas perdre un instant pour venir l’arracher aux flétrissures et à la mort qui l’attendait inévitablement. Camille avait trouvé le secret de faire passer sa lettre au camp de Louis, et n’était venu s’étendre sur son lit de mort qu’après avoir calmé sa conscience par cette démarche ; Charles