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Page:Sade - Les crimes de l'amour, Nouvelles héroïques et tragiques, tome 3, 1799.djvu/151

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sait très-résolue à se défaire de ce jeune homme, s’il ne répondait pas incessamment aux vues qu’elle avait formées sur lui. Herman absolument fait pour Ernestine, aussi bel homme pour le moins qu’elle était belle femme, l’adorant autant qu’il en était chéri, pouvait sans doute inspirer de l’amour à la veuve Scholtz, femme de quarante ans, et très-fraîche encore : mais ayant le cœur engagé, rien de plus simple qu’il ne répondit point à cette prévention de sa patrone, et que quoiqu’il se doutât de l’amour qu’elle avait pour lui, il affecta prudemment de ne s’en point appercevoir.

Cependant cette passion alarmait Ernestine Sanders ; elle connaissait madame Scholtz pour une femme hardie, entreprenante, d’un caractère jaloux, emporté ; une telle rivale l’inquiétait prodigieusement. Il s’en fallait bien d’ailleurs qu’elle fût pour Herman un aussi bon parti que la Scholtz, rien de la part du colonel Sanders, quelque chose à la vérité du côté de la mère ; mais cela pou-