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Page:Sade - Les crimes de l'amour, Nouvelles héroïques et tragiques, tome 3, 1799.djvu/152

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vait-il se comparer à la fortune considérable que la Scholtz pouvait faire à son jeune caissier ?

Sanders approuvait le choix de sa fille ; n’ayant d’autre enfant qu’elle, il l’adorait, et sachant qu’Herman avait du bien, de l’intelligence, de la conduite, et que de plus il possédait le cœur d’Ernestine, il était loin d’apporter obstacle à un arrangement aussi convenable ; mais la fortune ne veut pas toujours ce qui est bien. Il semble que son plaisir soit de troubler les plus sages projets de l’homme, afin qu’il puisse retirer de cette inconséquence, des leçons faites, pour lui apprendre à ne jamais compter sur rien dans un monde, dont l’instabilité et le désordre sont les loix les plus sûres.

Herman, dit un jour la veuve Scholtz au jeune amant d’Ernestine, vous voilà suffisamment formé dans le commerce pour prendre un parti ; les fonds que vos parens vous laissèrent, ont, par les soins de mon époux et les miens, profité plus qu’il ne faut pour vous mettre maintenant à votre aise ; prenez une maison,