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Page:Sade - Les crimes de l'amour, Nouvelles héroïques et tragiques, tome 3, 1799.djvu/174

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chez la veuve, Herman est aux pieds de sa maîtresse. — Eh ! ne l’avais-je pas dit, Ernestine, s’écrie-t-il en larmes, ne l’avais-je pas prévu, que ce maudit bal nous coûterait bien des peines ; chacun des éloges que vous prodiguait le comte, était autant de coups de poignards, dont il déchirait mon cœur, doutez-vous maintenant qu’il ne vous adore, et ne s’est-il pas assez déclaré ? — Que m’importe, homme injuste, reprit la jeune Sanders en appaisant de son mieux l’objet de son unique amour, que m’importe l’encens qu’il plaît à cet homme de m’offrir, dès que mon cœur n’appartient qu’à toi ; as-tu donc cru que j’étais flattée de son hommage ? — Oui, Ernestine, je l’ai cru, et je ne me suis pas trompé, vos yeux brillaient de l’orgueil de lui plaire, vous n’étiez occupée que de lui. — Ces reproches me fâchent, Herman, ils m’affligent dans vous, je vous croyais assez de délicatesse, pour ne devoir pas même être effrayé ; eh bien, confiez vos craintes à mon père,