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Page:Sade - Les crimes de l'amour, Nouvelles héroïques et tragiques, tome 3, 1799.djvu/178

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ces cruels sentimens de son cœur, combla le colonel d’éloges, caressa beaucoup Ernestine, et la conversation fut aussi agréable qu’elle pouvait l’être dans les circonstances.

Plusieurs jours se passèrent ainsi, pendant lesquels Sanders et sa fille, la Scholtz et le comte, se firent de mutuelles visites, mangèrent réciproquement les uns chez les autres, et tout cela sans que le malheureux Herman fut jamais d’aucune de ces parties de plaisir.

Oxtiern, pendant cet intervalle, n’avait perdu aucune occasion de parler de son amour, et il devenait impossible à mademoiselle Sanders de douter que le comte ne brûlât pour elle de la plus ardente passion ; mais le cœur d’Ernestine l’avait garanti, et son extrême amour pour Herman ne lui permettait plus de se laisser prendre une seconde fois aux pièges de l’orgueil ; elle rejetait tout, se refusait à tout, ne paraissait que contrainte et rêveuse, aux fêtes où elle était entraînée, et ne revenait jamais des unes,