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Page:Sade - Les crimes de l'amour, Nouvelles héroïques et tragiques, tome 3, 1799.djvu/181

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que je vous sacrifie ? — Un sort plus heureux, dites-vous ? si c’est mon bonheur que vous cherchez, mon père, ne le supposez jamais ailleurs qu’avec mon cher Herman, il ne peut être certain qu’avec lui : n’importe, je crois démêler vos projets… j’en frémis… ah ! daignez ne pas m’en rendre la victime. — Mais, ma fille, mon avancement tient à ces projets. — Oh ! mon père, si le comte ne se charge de votre fortune qu’en obtenant ma main… soit, vous jouirez, j’en conviens, des honneurs que l’on vous promet, mais celui qui vous les vend, ne jouira pas de ce qu’il en espère, je mourrai avant que d’être à lui. — Ernestine, je vous supposais l’âme plus tendre… je croyais que vous saviez mieux aimer votre père. — Ah ! cher auteur de mes jours, je croyais que votre fille vous était plus précieuse, que… Malheureux voyage !… infâme séducteur !… nous étions tous heureux avant que cet homme ne parût ici… un seul obstacle se présentait, nous l’aurions vaincu ; je ne redoutais rien, tant que mon père