Aller au contenu

Page:Sade - Les crimes de l'amour, Nouvelles héroïques et tragiques, tome 3, 1799.djvu/180

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

voulait éviter des scènes, elle lui déguisait de son mieux tout ce qui se passait ; elle n’était pas encore bien certaine d’ailleurs de la faiblesse de son père ; avant que de rien assurer à Herman, elle se résolut d’éclaircir.

Elle entre un matin chez le colonel ; mon père, dit-elle avec respect, il paraît que le sénateur est pour long-temps à Nordkoping ; cependant vous avez promis à Herman que vous nous réuniriez bientôt ; me permettez-vous de vous demander si vos résolutions sont les mêmes ?… et de quelle nécessité il est d’attendre le départ du comte pour célébrer un hymen que nous desirons tous avec autant d’ardeur ? Ernestine, dit le colonel, asseyez-vous, et écoutez-moi.

Tant que j’ai cru, ma fille, dit le colonel, que votre bonheur et votre fortune pouvaient se rencontrer avec le jeune Herman, loin de m’y opposer sans doute, vous avez vu avec quel empressement je me suis prêté à vos desirs ; mais dès qu’un sort plus heureux vous attend, Ernestine, pourquoi voulez-vous