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Page:Sade - Les crimes de l'amour, Nouvelles héroïques et tragiques, tome 3, 1799.djvu/184

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le prix ; pour sonder sa façon de penser, dites-lui que vous acceptez toutes ces promesses, mais que vous lui demandez pour premier effet de sa générosité envers moi, de faire lui-même ici, avant que de quitter la ville, le mariage de votre fille avec le seul homme qu’elle puisse aimer au monde. Si le comte est loyal, s’il est franc, s’il est désintéressé, il acceptera ; s’il n’a dessein que de m’immoler en vous servant, il se dévoilera ; il faut qu’il réponde à votre proposition, et cette proposition de votre part ne doit point l’étonner, puisqu’il ne vous a point encore, dites-vous, ouvertement demandé ma main ; si sa réponse est de la demander pour prix de ses bienfaits, il a plus d’envie de s’obliger lui-même, qu’il n’en a de vous servir, puisqu’il saura que je suis engagée, et que, malgré mon cœur, il voudra me contraindre ; dès-lors, son âme est mal-honnête, et vous devez vous défier de toutes ses offres, quelque soit le vernis dont il les colore. Un homme d’honneur ne peut vouloir de la main d’une femme dont il