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Page:Sade - Les crimes de l'amour, Nouvelles héroïques et tragiques, tome 3, 1799.djvu/185

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sait qu’il n’aura point l’amour, ce ne doit pas être aux dépends de la fille qu’il doit obliger le père. L’épreuve est sûre, je vous conjure de la tenter ; si elle réussit… je veux dire, si nous devenons certains que le comte n’ait que des vues légitimes, il faudra se prêter à tout, et alors, il aura fait votre avancement sans nuire à ma félicité, nous serons tous heureux… nous le serons tous, mon père, sans que vous ayez de remords. Ernestine, dit le colonel, il est très-possible que le comte soit un honnête homme, quoiqu’il ne veuille m’obliger qu’aux conditions de t’avoir pour femme. — Oui, s’il ne me savait pas engagée ; mais lui disant que je le suis, s’il persiste à ne vouloir vous servir qu’en me contraignant, il n’y a plus que de l’égoïsme dans ses procédés, la délicatesse en est totalement exclue ; dès-lors ses promesses doivent nous devenir suspectes… et Ernestine se jetant dans les bras du colonel, ô, mon père, s’écria-t-elle en larmes, ne me refusez pas l’épreuve que j’exige, ne me la refusez