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Page:Sade - Les crimes de l'amour, Nouvelles héroïques et tragiques, tome 3, 1799.djvu/186

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pas, mon père, je vous en conjure, ne sacrifiez pas aussi cruellement une fille qui vous adore, et qui ne veut vivre que pour vous ; ce malheureux Herman en mourrait de douleur, il mourrait en nous haïssant, je le suivrais de près au tombeau, et vous auriez perdu les deux plus chers amis de votre cœur. Le colonel aimait sa fille, il était généreux et noble ; on ne pouvait lui reprocher que cette sorte de bonne-foi, qui quoiqu’elle rende l’honnête homme si facilement la dupe des fripons, n’en dévoile pas moins toute la candeur et toute la franchise d’une belle âme ; il promit à sa fille de faire tout ce qu’elle exigeait, et dès le lendemain, il parla au sénateur.

Oxtiern, plus faux que mademoiselle Sanders n’était fine, et dont les mesures étaient déjà prises avec la Scholtz à tout événement sans doute, répondit au colonel de la manière la plus satisfaisante. Avez-vous donc cru, mon cher, lui dit-il, que je voulusse vous obliger par intérêt ? Connaissez mieux mon cœur ; le desir de vous être utile le remplit, abstraction