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Page:Sade - Les crimes de l'amour, Nouvelles héroïques et tragiques, tome 3, 1799.djvu/19

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colonne de marbre noir, sur laquelle il lit : « Courage, Rodrigue ; ta chûte était nécessaire ; le pont où tu viens de passer, est l’emblême de la vie ; n’est-elle pas comme ce pont entourée de dangers ? le vertueux arrive au but sans malheurs, les monstres comme toi succombent ; poursuis néanmoins, puisque ton courage t’y invite ; tu n’es plus qu’à quatorze mille lieues du trésor, fais-en sept mille au nord des Pleyades, et le reste en face de Saturne ».

Rodrigue s’avance sur les bords du fleuve de feu, qui serpentait de mille manières différentes dans ce vallon ; un de ces replis tortueux l’arrête enfin, et nul moyen ne s’offre à lui pour le passer. Un épouvantable lion se présente… Rodrigue le considère ; laisse-moi franchir ce fleuve sur tes reins, dit-il à l’animal ; à l’instant le monstre s’abaisse aux pieds du monarque ; Rodrigue y monte ; le lion se jette dans le fleuve, et conduit le roi à l’autre bord ; je te rends le bien pour le mal, dit le lion en le quittant. Que veux-tu dire, demande