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Page:Sade - Les crimes de l'amour, Nouvelles héroïques et tragiques, tome 3, 1799.djvu/218

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neux, craignant et desirant la vérité, détestant… adorant l’objet de ses feux, l’excusant, et le croyant perfide, son âme, semblable aux flots de la mer en courroux, n’est plus qu’une substance molle, où toutes les passions ne s’empreignent que pour la consumer plutôt.

On accourut au secours d’Herman ; mais quel funeste service lui rendait-on, en ramenant sur ses tristes lèvres, la coupe amère de la vie, dont il ne lui restait plus que le fiel.

Sentant la nécessité de se défendre, reconnaissant que l’extrême désir qui le brûlait de revoir Ernestine, ne pouvait être satisfait qu’en faisant éclater son innocence, il prit sur lui ; l’instruction commença ; mais la cause trop importante pour un tribunal inférieur comme celui de Nordkoping, fut évoquée par devant les juges de Stockholm. On y transféra le prisonnier… content… s’il est possible de l’être dans sa cruelle situation, consolé de respirer l’air dont s’animait Ernestine ; je serai dans la même ville, se disait-il avec satisfac-