Aller au contenu

Page:Sade - Les crimes de l'amour, Nouvelles héroïques et tragiques, tome 3, 1799.djvu/23

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Deux jours entiers Rodrigue cotoya ces rives sanglantes, lorsqu’enfin éclairé par un léger crépuscule, il apperçoit le bout de la plaine ; un immense volcan la bornait, il paraissait impossible de passer outre. À mesure que Rodrigue avance, il est entouré de ruisseaux de laves, il voit des masses énormes, vomies du crater, s’élancer au-delà des nues, il n’est plus guidé que par les flammes qui l’entourent… il est couvert de cendres, à peine peut-il marcher.

Dans ce nouvel embarras, Rodrigue appelle son spectre : « Franchis la montagne, lui crie la même voix qui lui avait parlé auparavant, tu trouveras de l’autre côté des êtres auxquels tu pourras parler. Quelle entreprise ! cette montagne brûlante d’où s’exhalent à chaque instant des rochers et des flammes, paraît avoir plus de mille toises de haut, tous les sentiers en étaient bordés de précipices, ou remplis par des laves ; Rodrigue s’encourage, son œil mesure le but, et sa fermeté le lui fait atteindre. Tout ce que les poëtes nous ont peint de