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Page:Sade - Les crimes de l'amour, Nouvelles héroïques et tragiques, tome 3, 1799.djvu/24

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l’Ethna, n’est rien, en comparaison des horreurs qu’apperçoit Rodrigue. La bouche de ce gouffre épouvantable avait trois lieues de circonférence. Rodrigue voit pleuvoir sur sa tête des masses énormes prêtes à l’anéantir ; il se hâte de franchir cet horrible foyer, et trouvant de l’autre part une pente assez douce, il la redescend en hâte. Là des troupeaux de bêtes inconnues et d’une monstrueuse grandeur, entourent Rodrigue de toutes parts ; que voulez-vous, demande l’espagnol, êtes-vous ici pour me servir de guide, ou pour m’empêcher de passer outre ? Nous sommes les emblêmes de tes passions, lui crie un léopard énorme, elles t’assaillaient comme nous, elles t’empêchaient comme nous de voir le bout de ta carrière ; dès que tu n’a pu les vaincre, comment triompherais-tu de nous ? c’est encore une de tes passions qui te conduit dans ces lieux infernaux où jamais mortel ne pénétra ; suis-en donc l’impétuosité et vole où la fortune t’appelle ; elle t’attend pour t’y couronner ; mais tu trouveras d’autres