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Page:Sade - Les crimes de l'amour, Nouvelles héroïques et tragiques, tome 3, 1799.djvu/248

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l’officier vêtu de rouge s’avançant fièrement vers lui, il ne doute point que ce ne soit Oxtiern, il fond sur lui l’épée à la main, sans dire un mot, de peur d’être séparé ; le militaire se défend de même sans prononcer une parole, et avec une incroyable bravoure ; sa valeur cède enfin aux vigoureuses attaques du colonel, et le malheureux tombe expirant sur la poussière ; un cri de femme échappe en cet instant, ce funeste cri perce l’âme de Sanders… il approche… il distingue des traits bien différens de l’homme qu’il croit combattre… Juste ciel… il reconnaît sa fille… c’est elle, c’est la courageuse Ernestine qui a voulu périr ou se venger elle-même, et qui déjà noyée dans son sang, expire de la main de son père. Jour affreux pour moi, s’écrie le colonel… Ernestine, c’est toi que j’immole ! quelle méprise !… quel en est l’auteur ?… Mon père, dit Ernestine d’une voix faible, en pressant le colonel dans ses bras, je ne vous ai pas connu, excusez-moi, mon père, j’ai osé m’armer contre vous… daignerez-vous me par-