Page:Sade - Les crimes de l'amour, Nouvelles héroïques et tragiques, tome 3, 1799.djvu/261

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vous avez fait mourir de ma main, et vous me plongerez au désespoir ; adieu, quittons-nous, Oxtiern, et surtout ne nous voyons jamais… À ces mots le colonel s’éloigne… Oxtiern en larmes veut le suivre, il se traîne vers lui… nous l’arrêtons, nous l’emportons presqu’évanoui dans la voiture qui nous rend bientôt à Stockholm ; le malheureux fut un mois entre la vie et la mort ; au bout de ce tems, il nous pria de l’accompagner chez le roi, qui nous fit rendre compte de tout ce qui s’était passé. Oxtiern, dit Gustave au sénateur, vous voyez comme le crime humilie l’homme, et comme il le rabaisse, votre rang… votre fortune… votre naissance, tout vous plaçait au-dessus de Sanders, et ses vertus l’élèvent où vous n’atteindrez jamais. Jouissez des faveurs qu’il vous a fait rendre, Oxtiern, j’y ai consenti certain après une telle leçon, ou que vous vous punirez vous-même avant que je ne sache vos nouveaux crimes, ou que vous ne vous rendrez plus assez vil pour en